Corvette de guerre de 800 Tx, armée de 22 canons, la Seine commandée par le Capitaine François LECONTE appareille de BREST à destination du Pacifique le 3 septembre 1845.La situation politique est tendue entre la France et l’Angleterre, les crises se succèdent.

Dans ce contexte, la corvette a pour mission de transporter des troupes à Tahiti où les Anglais tentent de s’implanter en soulevant la population locale contre les établissements français installés sur l’île. Ensuite elle assurera la présence française dans la zone, elle est aussi chargée de faire connaître à Monseigneur Douarre dont la mission occupe Balade depuis le 21 décembre 1843 que la France n’a pas l’intention de prendre possession de la Nouvelle-Calédonie.

Le naufrage

Dans sa course vers le Nord, le navire rencontre des vents contraires qui le déportent vers les îles Tonga où il mouille à la grande joie des missionnaires français installés là! Le commandant Leconte se rend en suite aux îles Wallis pour saluer Mgr Bataillon. Ensuite Cap à l'ouest vers Balade.

Le 3 juillet 1846 après avoir reconnu le Cap Colnett la corvette remonte vers le nord. Se basant sur une carte de D'Entrecasteaux le navire fait route jusqu'à l'extrémité du récif et ne doutant pas de l'entrée de la passe de Balade, la route est prise à l'ouest en observant la teinte de l'eau. Soudain, un haut fond est visible juste devant le navire, la barre est mise sur bâbord mais cette manœuvre n'empêche pas la Seine de heurter le récif avec un bruit sinistre…les voiles sont serrées, un canot est mis à l'eau. Les sondes effectuées alentour permettent d'espérer qu'en se déhalant sur la grosse ancre à jet portée par les embarcations on va pouvoir déséchouer le navire ! On vide les caisses à eau, les canons sont portés à l'avant…rien n'y fait, la nuit vient, rendant plus difficile les opérations. A dix heures le gouvernail se détache, le niveau de l'eau dans les cales augmente et les pompes fonctionnent en continu. Au matin du 4 septembre 1846 la situation est très critique et l'état de la mer est mauvais. Une embarcation est envoyée à terre pour y déposer 50 hommes et des munitions.

Les opérations d'évacuation commencent vers 15 heures et bientôt tout l'équipage se retrouve à terre au lieu dit Pouébo. Le naufrage n'aura fait aucune victime. Mais 232 personnes vont devoir s'organiser pour survivre. Ce n'est que deux mois plus tard que le trois mâts anglais Arabian vient mouiller à Balade, sauvant le commandant Leconte et tout son équipage.
La découverte

En 1968, le dragueur la Dunkerquoise de la Marine Nationale embarque une équipe de plongeurs munis de tout le matériel de recherche et de plongée. Le 28 mai la Dunkerquoise mouille dans la passe de Pouébo et commencent les recherches. Un maillon de chaînes est découvert puis c'est une ancre qui surgit du fond à 25 mètres et plus loin un enchevêtrement de pièces en fer, canons, hublots, fragments de vaisselle…

Les expéditions de Fortunes de Mer

Du 7 au 18 avril 1997 huit membres de l'association Fortunes de Mer Calédonienne, ont opéré à une mission de repérage sur l'épave de la Seine. Il s'agissait, par 22 mètres de fond, de localiser ce qui restait de ce vaisseau de 43 mètres de long. Cette équipe a bénéficié de l'assistance du navire océanographique le Laplace.

N'allez pas imaginer un navire bien posé sur le fond. La Seine a talonné durement le récif et l'épave a subi plus de 150 ans de marées et de cyclones. Certaines pièces métalliques sont encore bien visibles en raison de leurs tailles, comme les ancres, les 40 bouches à feu, les cabestans et les pièces métalliques du safran. Pendant 10 jours, les plongeurs se sont relayés toutes les 30 à 40 minutes et au cours de 56 plongées. Le ronronnement de la "suceuse" ne s'est quasiment jamais arrêté. Le travail des plongeurs a consisté à dresser un plan de l'épave et de positionner chaque pièce de grosse taille par rapport à la grande ancre de Miséricorde. Ces vestiges de grandes tailles ont été laissé sur place. Toutefois une centaine de petits objets ont été remontés: bouteilles, pichets, flacons, assiettes, serrures, clous, poulies, boulets de canon, etc.

En mars 1999 Fortunes de Mer décide d'installer un campement à terre pour poursuivre ses recherches. C'est au cours de cette dernière expédition que l'équipe réussit à remonter une pièce magnifique composée de deux moyeux de barre à roue et leur châssis, le tout en bronze. La double barre à roue de la Seine est en cours de reconstruction au lycée Pétro Atiti de Rivière Salée, elle sera probablement terminée courant octobre 2009.