Le 3 juillet 1846, la corvette La Seine fait naufrage dans la passe de Pouebo. 165 ans plus tard, séquence émotion au Musée de l’histoire maritime de Nouvelle-Calédonie à Nouméa pour trois des descendants de deux matelots naufragés. Ces derniers avaient préféré « poser définitivement leur sac à terre » à Sydney la veille de leur rapatriement pour la France.

Deux mois après le naufrage de la corvette La Seine, le baleinier anglais Arabian rapatrie le commandant François Leconte avec le dernier contingent de son équipage. Le 1er octobre, le navire arrive en rade de Port Jackson. Le 6 novembre 1846, tous les  naufragés sont transférés sur le trois-mâts anglais Berkshire affrété par le consul de France. Le jour du grand départ de Sydney pour Brest, deux marins manquent à l’appel : Etienne et Jean Prosper Fabard. Cette magnifique ville et son style de vie ont dû vraiment séduire les deux matelots pour qu’ils prennent le risque de déserter.

Que sont devenus les Fabard?

En 2006, les membres de Fortunes de mer calédonienne, sont informés de l’épilogue de cette singulière et fabuleuse aventure. Elizabeth Hook, une Australienne des Nouvelles-Galles-du-Sud, dont une aïeule avait épousé un des déserteurs, contacte le Musée de l’histoire maritime de Nouvelle-Calédonie pour obtenir plus d’informations sur le naufrage de La Seine. Une correspondance régulière s’engage. Elizabeth nous apprend qu’Étienne Fabard, épousa Margaret Core dans Saint Mary’s Catholic Church à Sydney le 6 août 1849, sous le nom de Stephen Fabar (Étienne en anglais). Il sera naturalisé sujet britannique en 1850. Père de 8 enfants, il mourut en 1899. L’autre matelot, Jean-Prosper Fabar épousa en 1853 Eliza Core, la sœur de Margaret sous le nom de John Prosper. Il sera naturalisé en 1875. Père de 7 enfants, il mourut à Orange (NSW) en 1908 âgé de 84 ans. Ainsi, les deux compères furent le premier maillon d’une chaîne de six générations de mineurs durant la ruée vers l’or, sur la mine de Sofala (NSW). Leur nom subit de nombreuses transformations d’orthographes selon les interprétations orales des officiers d’état-civil dues à l’accent français. Ainsi Fabard à l’origine évolua en Faubar, Fabare, Fabar et finalement Faber.

Les descendants des déserteurs à Nouméa

Le 17 septembre 2011, soit 165 ans plus tard, Brett, Mike et Kerrie Faber, descendants des déserteurs, passagers du navire de croisière Pacifique Pearl en escale à Nouméa, rencontrent les membres de Fortunes de Mer Calédoniennes. Le Musée est spécialement ouvert pour eux. Après avoir fait connaissance, les passionnés de FMC expliquent aux Faber comment la double barre à roue, pièce maîtresse de La Seine, fut reconstituée en 2009 par les élèves de terminale Bac Pro, technicien menuisier, du lycée professionnel Pétro Attiti. La visite se poursuit dans la zone portuaire de Nouville au laboratoire du Musée où se trouvent toutes les collections du Musée, en attente de la réouverture du musée, prévue en 2012. Véronique Proner, chargée du traitement des objets, donnera un maximum d’informations sur les nombreux artefacts remontés de cette fabuleuse épave et sur les techniques de traitement et de conservation.

Cette courte escale à Nouméa fut un réel moment d’émotion, partagée entre les descendants des deux marins et les membres de Fortunes de Mer et du Musée Maritime de Nouvelle Calédonie.

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