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Pour la journée des droits de la femme célébrée ce 8 mars, nous mettons à l'honneur Cécilia Nyffenegger, une femme passionnée et passionnante qui a intégré la Marine nationale en 2006. Sept fois médaillée, lieutenant de vaisseau depuis le 1er août 2016, elle est aujourd'hui commandant en 2nd sur le bâtiment multi-missions (B2M) D'Entrecasteaux arrivé en Nouvelle-Calédonie en 2016. Après une année bien remplie, elle retourne en juillet en métropole pour poursuivre sa formation. Nous la rencontrons juste avant le départ du D'Entrecasteaux pour une mission de surveillance maritime de cinq semaines. Portrait d'une femme de caractère qui trace sa route avec enthousiasme...

Quelles sont vos fonctions dans la Marine nationale?

En tant que commandant en 2nd du D'Entrecasteaux, mes fonctions sont très variées. Mon travail consiste à faire le lien entre le commandant qui donne les directives et l'équipage,  un petit équipage sur le D'Entrecasteaux : 23 membres dont 3 officiers, le commandant, le commandant en 2nd et le commandant des opérations. J'interviens également sur le plan des ressources humaines mais aussi sur le plan financier car j'occupe en quelque sorte le poste de trésorier adjoint. Je suis par ailleurs responsable de la sécurité à bord et chef de quart.

J'ai été également désignée par le commandant pour éventuellement le suppléer en mer en cas de nécessité. Cette suppléance n'est pas forcément liée à ma fonction, la liste des suppléants établie par le commandant est d'abord nominative.

Quel a été votre parcours pour y parvenir?

En 2006, après une prépa scientifique, j'ai intégré l'école de Maistrance qui forme les sous-officiers mariniers. Ensuite je me suis spécialisée dans une école en détection de bâtiments sur l'eau ou dans l'air. Ma 1ère mission je l'ai effectué en 2007 sur le navire Primauguet, une frégate anti sous-marine chargée d'aider à évacuer les ressortissants français dans la zone de conflit libanaise. Ce fut pour moi une 1ère expérience à bord d'un bateau féminisé, c'est-à-dire avec des femmes embarquées. Actuellement tous les navires de surface sont féminisés, seuls les sous-marins ne le sont pas encore mais le projet est à l'étude.

En 2009, je suis entrée par concours internet à l'Ecole Navale qui forme les officiers. Dans cette promotion, les femmes représentaient environ 10% des effectifs. J'ai pu obtenir mon master après trois années d'études et un passage par l'école d'application embarquée. Pendant 4 à 5 mois, tous les jeunes officiers de marine mettent en pratique ce qu'ils ont appris pour valider leur cursus. On nous demande de faire un point sur une carte, se repérer sur l'eau, manoeuvrer...et tout cela avec un vrai équipage de la Marine nationale, pas sur un bateau école. 

Qu'est-ce qui vous a incité à servir dans la Marine?

Mon père était officier spécialisé de la Marine (OSM) et ma mère sous-officier mais elle n'a jamais embarqué car à l'époque les femmes n'étaient pas admises à bord. Ce que je vis est un peu le rêve de ma mère...Mais mes parents ne m'ont jamais forcée à intégrer la Marine, c'est moi qui ai eu la révélation à l'âge de 20 ans. Une véritable vocation, pas un simple job! Mon père naviguait sur le Primauguet en tant que commandant adjoint, en charge de la propulsion et de l'énergie du navire. Lors d'une sortie réservée aux familles de militaires, nous sommes partis à la journée. C'est en montant sur la passerelle que j'ai aperçu cette femme blonde qui prenait un relèvement. Elle était en train de placer le bateau au bon endroit au bon moment sous les ordres du commandant et je me suis dit, c'est exactement ce que je veux faire! Elle était chef de quart et c'est ce que je suis aujourd'hui. Je voulais être officier, alors je suis entrée par la petite porte, en interne, en préparant sur mon temps libre le concours d'entrée de l'Ecole Navale. Et j'ai été acceptée!

Comment la femme est-elle perçue dans la Marine?

La femme dans l'armée a toute sa place mais il est indéniable que, pour embarquer, il faut avoir du caractère! En début de carrière, on essaye de faire bien son travail, on s'investit, on adhère à l'institution, aux valeurs de la République. Discipline, honneur, patrie. Pour moi, ce sont déjà des acquis avec lesquels j'ai grandi. En tant que femme, c'est un peu comme partout, on doit faire ses preuves. C'est lorsque vous commencez à avoir des postes à responsabilités que l'on peut vous regarder différemment. Aujourd'hui, dans la Marine, l'idée que la femme soit embarquée est bien ancrée dans les moeurs et le regard est plutôt positif. Bien sûr, il y a toujours des personnes réfractaires, comme partout...

Mon modèle? Anne Cullere, une des premières femmes devenue amiral. Elle est pour moi un bel exemple de réussite de femme dans la Marine. Elle vient d'un cursus technico-administratif et n'était donc pas destinée à commander. Elle a été remarquée et guidée par des personnes qui ont vu en elle les capacités de commandement. C'est un des parcours de femme qui montre que même en n'ayant pas pris la voie de la Royale, on peut y arriver!

 

Cecilia Nyffenegger, ph. MMNC