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Portraits et Témoignages

Cette rubrique vous offre un choix de témoignages ou de portraits audio de personnages contemporains
de Nouvelle-Calédonie racontant leur histoire et leur vécu sur un sujet maritime.
Pour plus de clarté,  vous pouvez écouter les témoignages tout en les lisant.
Cet espace est évolutif et sera progressivement alimenté par de nouveaux récits.

Nov 2012…

L’association Salomon a été créée en 1981 pour effectuer des recherches plus particulièrement sur la disparition de l’expédition La Pérouse.

On a eu l’idée de créer l’association Salomon car vivant en Nouvelle-Calédonie et étant plongeur, et sachant qu’il y a des sites historiques qui sont à peu près à 1000 km de la Nouvelle-Calédonie, on a eu très envie d’y aller.

Alors, avec une équipe de copains, quelques voiliers et puis quelques bouquins sur le sujet aussi, un jour de 1981, nous sommes partis sur Vanikoro pour essayer de découvrir la moindre trace de La Pérouse. Ne sachant pas si nous allions trouver un seul bouton de La Pérouse, d’uniforme ou autre, modestement, nous avons baptisé l’association « Salomon » et non pas association « La Pérouse ».

Nous avons fait huit campagnes de fouilles, mais il faut dire quand même que la première est sans doute la plus belle, la plus belle parce qu’elle se faisait avec des petits moyens, elle se faisait avec notre passion sans aide extérieure. Quand on a plongé … j’ai le souvenir d’avoir sorti une assiette en étain. Il m’est venu en tête immédiatement l’idée de cette personne qui avait conçu cette assiette, la personne qui l’avait possédée ensuite et qui, tous les jours, la prenait dans ses mains pour déjeuner. J’avais quelque part l’impression de rentrer dans leur intimité et de faire partie un peu de l’équipage de La Pérouse.

Je crois que c’est comme cela qu’est née la passion. Ce n’est pas facile d’organiser des expéditions à Vanikoro, c’est loin de tout. Il n’y a pas d’aéroport, pas de route, peu de liaison maritime. Donc c’est une véritable entreprise qui doit se déplacer là-bas avec tous ses moyens : ses moyens logistiques, ses moyens financiers, ses moyens d’échanges, aussi son intendance (la nourriture, le matériel etc…..).

C’est quelque chose de relativement compliqué. Sur la première, nous étions de mémoire 6 ou 8 ; sur la dernière, avec l’équipage du navire de la Royale, nous étions environ 120.

La première n’était pas simple c’est vrai, la seconde s’est améliorée. Aujourd’hui, on arrive à la 8ème campagne de fouilles qui s’est faite avec des moyens extraordinaires de la Marine nationale et de différents organismes scientifiques. Aujourd’hui, je dirais que c’est plus facile d’organiser une campagne de fouilles - même si ça coûte très cher-, que cela ne l’était en 1981. 

Les évènements qui m’ont marqué le plus, les moments où j’ai ressenti le plus d’émotions, c’est indiscutablement en 2003 lorsque nous avons sorti ce squelette.

Mais aussi d’autres évènements : par exemple, ce petit gamin de 9 ans de Brest qui va m’écrire en disant « Monsieur, je suis sur Thalassa votre expédition et ma maîtresse m’a demandé d’en faire un rapport tous les lundis » et en fin de son mail, il avait rajouté « Monsieur, j’ai 9 ans. Je voudrais être archéologue, alors s’il vous plaît, laissez-moi des choses à Vanikoro ».

Nov 2012…

Je suis retraité de la Marine nationale et j’ai actuellement plus de 96 ans.

On avait toujours espoir, lorsqu’on allait à Vanikoro, - c’est le lieu où les deux bateaux se sont effondrés -, de savoir ce qu’avaient fait les gens qui avaient nagé jusqu’à la côte et de savoir quel avait été leur voyage après que leur bateau soit arrivé à la côte. 

On a retrouvé des indices à terre évidemment mais ça n’a pas donné le lieu où ces naufragés avaient pu tenter d’aller, pour ceux qui avaient pu se sauver et atteindre la terre. Je pense qu’ils étaient restés dans ce qu’on appelle la mer de Bismarck, parce que c’est une grande mer et que les vents soufflent presque toute l’année en venant de l’est vers l’ouest. Ils n’auraient pas pu remonter avec leur pirogue des vents vers l’est, ils ont donc dérivé vers la mer de Bismarck. Là, ils ont eu un destin qu’on ne connait pas, sauf celui de Lavaux .

Simon Lavaux était docteur sur l’un des deux bateaux et il est intéressant de savoir, après le naufrage de son bateau à Vanikoro, quel a été son périple.

Jusqu’à il y a peu de temps, on ne savait pas exactement. C’est un livre qui a été écrit par un Américain qui a donné quelques renseignements sur Lavaux, chirurgien à bord de l’Astrolabe. Les notes qu’on a pu avoir des voyages de cet Américain disaient qu’il avait rencontré le fils de Lavaux. 

C’était assez tard vers 1840. La Pérouse était mort depuis longtemps et le docteur Lavaux était mort aussi mais il aurait laissé un fils et une fille par son mariage avec une femme des îles qui entourent la Papouasie Nouvelle-Guinée. C’était une indication et il fallait aller voir. Et si c’était vrai, où aurait vécu le fils et la fille de Lavaux ? C’est pour ça que je suis allé directement là-bas. J’ai été dans plusieurs îles où on m’a dit que Lavaux avait séjourné. J’ai rencontré beaucoup de femmes qui curieusement portaient le nom de Lavaux. Je me suis demandé d’où cela venait, cela ne pouvait venir que de lui, c’est évident.

J’ai eu quelques petits … pas des ennuis... mais des incidents, lors de mon voyage.

J’ai pris, pour mon dernier voyage, une pirogue qui partait d’une île où je m’étais installé, vers le continent où il y avait l’aéroport évidemment. Il y avait un voyage assez long qui durait 4 heures et juste au moment de partir, le chef de village du coin m’a dit : « Pouvez-vous de notre île prendre une femme, une parturiente qui risque d’accoucher ici ? Et comme on n’a pas d’infirmier, on n’a pas de docteur, il faut absolument s’il y a un ennui quelconque que cet enfant aille à l’hôpital du continent ! ». Alors j’ai embarqué dans la pirogue cette femme avec sa mère et après un long voyage au bout de 2 heures de pirogue, elle a accouché dans ma pirogue. C’était une petite fille. Voilà, c’était un petit incident de mon voyage.